Encore une petite chanson de Katerine pour rire gentiment, sans trop grincer des dents cette fois. Un peu à la manière d’une certaine Cane de Jeanne…Je crois qu’il va falloir que j’écrive aux moins deux articles sur Brassens pour rétablir l’équilibre cosmique ! Ecoutons donc cette brève animalière.
Quoi de mieux que la sensualité d’un tango pour nous raconter une tendre et sensuelle histoire d’amour ? Je crois savoir que le déséquilibre est au cœur du tango quand il est dansé. On est bien dans le ton ici, aucun doute ! On se penche du côté de l’ultra réalisme des dates, des lieux, des chiffres, avant d’être rattrapé par l’absurde le plus complet avec cette déclaration d’amour pour le moins insolite. Mais la logique n’est pas tout à fait ignorée car la langue nous autorise étrangement à aimer notre poulet. Pour ceux qui aiment les savoirs techniques, on parle de syllepse quand on emploie un mot dans son sens propre et figuré en même temps.
On n’est pas en reste concernant les contradictions dans cette chanson : belle ironie encore avec ce poulet individualisé et chouchouté qui finit sur le tapis roulant de l’uniformisation de l’abattage industriel. On aurait presque envie de devenir végétarien. Heureusement, l’évocation des recettes, froide et chaude, accompagnées d’une petite bouteille de rouge nous ramène à la déraison.
On pourrait s’interroger sur l’origine de cette chanson qui sent bon la poésie du quotidien. Pour ma part, je ne peux livrer que les secrets de rédaction de cet article, inspiré par un déjeuner à La Tour d’Argent (merci à ma maman et Alain au passage) et son délicat filet de canette (on y revient), numérotée et accompagnée de sa carte postale. Chantonner du Katerine à La Tour d’argent, le comble du chic n’est-ce pas ?